Venise 01-2008

par Patrice Demory  -  22 Mai 2013, 09:20  -  #Voyage

Venise 01-2008

Venise du jeudi 24 au lundi 28 Janvier 2008;

Départ de Roissy CDG pour Venise, aéroport San Marco, arrivé à 22h25, puis 30mns de bateau jusqu'à la place San Marco. Arrivés à l’hôtel vers 23h30.

Visite de Venise à pied de long en large.

Excursion à Murano, Burano et Torcello.

Grande journée le dimanche pour le Fameux Carnaval.

Le centre historique de Venise est formé de 118 îlots unis par plus de 400 ponts qui forment un territoire unique qui est subdivisé en six anciens districts administratifs appelés sestieri, trois de chaque côté du Grand Canal.
Le sestiere de
San Marco, avec sa majestueuse Basilique et l’élégant Palais des Doges. Au nord de San Marco se trouve le sestiere de Cannaregio et à l’est celui de Castello, tous deux sont des quartiers résidentiels, tranquilles.

De l’autre côté du Grand Canal par contre on trouve le sestiere de Dorsoduro, celui de Santa Croce et celui de San Polo, le plus vivant et le plus commerçant de ce côté du canal.
Chaque sestiere a ses propres caractéristiques intéressantes à découvrir.

 

Histoire du Carnaval de Venise

La Tradition du Carnaval à Venise


Dès le Xe siècle, le peuple profitait un maximum des derniers jours précédant les mortifications du carême en se divertissant et en savourant les plaisirs et les joies de la vie.
En 1094 le carnaval était déjà mentionné dans une charte du doge Faliero, et en 1269 le Sénat prescrivait qu'on eût à considérer la veille du Carême comme un jour de fête (mardi gras).
On pouvait alors porter le masque, grâce auquel on retrouvera plus tard une ombre de l'égalité perdue au cours du temps, quand sous des vêtements d'emprunt les nobles fraternisaient encore avec le peuple.
En compensation à son inaction politique, le peuple s'attachait à ce faste glorieux qui caractérisait les fêtes commémoratives de Venise, et s'oubliait dans les conflits entre les grandes familles, dans les chasses au taureau et bien sûr dans les fêtes du carnaval, qui servaient à montrer toutes les séductions de la richesse, tous les caprices de la mode.
Dans les fêtes du carnaval surtout éclataient l'ardeur et la joie de la vie, l'harmonie des couleurs, la pompe et l'émulation du luxe.
Pour éviter le ressentiment populaire, une loi interdisait aux riches vénitiennes de porter leurs bijoux en public, sauf pendant les fêtes officielles et durant les derniers jours du carnaval ! Le carnaval leur permettait enfin de satisfaire toutes leurs coquetteries.
Au milieu de la multitude animée, mobile, joyeuse, parmi la lueur des torches et le bruit des trompettes, circulaient des masques aux mille déguisements étincelants d'or et de pierreries, et des matrones aux robes précieuses dont la queue immense était soutenue par des servantes.
Au milieu de cette fermentation le peuple était plutôt bon et pacifique.
On voyait rarement dans la foule énorme des gestes menaçants et des rixes.
Pas besoin d'un service d'ordre, ou de forces de sécurité : tout ce grand mouvement passait, et s'écoulait paisible et joyeux à travers les calli, comme une véritable fête de famille.

 

La Réputation du Carnaval de Venise

 

Les raisons du succès et de la réussite du carnaval de Venise depuis la renaissance (et peut-être même avant) étaient à la fois politiques et économiques.
Le peuple, qui aimait les fêtes et les divertissements publics, trouvait dans le carnaval l'amusement et le plaisir, mais il y trouvait surtout une liberté d'expression qui n'existait nulle part ailleurs.
On pouvait critiquer et se moquer de qui on voulait comme on voulait : pendant le carnaval, la République aristocratique devenait démocratie sous la forme du rire et de la joie.
Les règles de préséance s'effaçaient, seule la fête du carnaval rassemblait tout le monde sous sa bannière.
Le défoulement du carnaval était un facteur de paix sociale.
L'arrivée massive des étrangers, (entre 20 et 30 000, selon certains) parmi lesquels on pouvait compter des souverains, qui venaient là pour profiter au maximum des amusements et des plaisirs que pouvait leur offrir l'incognito du masque, représentait une manne économique pour Venise doublée d'une réputation unique de liberté et de magnificence.

Le Masque est roi - Histoire des masques à Venise

 Si le carnaval était ce moment unique, où la fable et la comédie bousculaient les règles du quotidien, c'était surtout la fête du monde à l'envers, de la pagaille et de la ripaille.
Le jeu et la liberté en folie menaient la danse de tous les carnavals.
Sauf qu'à Venise, le carnaval était devenu un style de vie et un état d'esprit !
La République autorisait le masque, et il était protégé par elle.
Tant que durait le carnaval tout le monde portait le masque, le doge, le prêtre, le nonce tout comme la servante, et vaquait ainsi “incognito” à ses affaires.
C'est masqué qu'on faisait ses courses, qu'on rendait visite, qu'on menait sa vie ordinaire, sauf que le masque permettait de tout dire et de tout oser !
Le masque effaçait les barrières sociales : plus d'étiquette, plus de convenances à respecter.
Plus de patricien, plus d'inquisiteur, plus de prêtre ou de moine, plus de zentildonna, plus d'étranger, plus de religieuse, plus de riche ou de pauvre, plus de timidité, ni d'embarras, restait le “signor Maschera”.
La cape noire (
tabarro), la bauta blanche et le domino noir sous le tricorne n'étaient pas tristes : c'était avant tout des signes de liberté de parole, de folie autorisée, de joie et de plaisir secrets.
Personne n'obligeait personne et personne n'empêchait personne.
Une seule règle : prendre du bon temps, rire, danser et s'amuser ensemble.

 

Les Masques et les Caractères


Pour se déguiser, les masques et les personnages de la comédie italienne offraient leurs trésors de caractères, de silhouettes et d'accessoires grotesques : les célèbres Arlequin et Pantalon, Polichinelle, Brighella, Colombine, Scaramouche et tant d'autres se rencontraient, s'apostrophaient et faisaient leur comédie sur la place, d'autres s'en mêlaient, riaient et applaudissaient, et Pierrot tombait de la lune.
Mais on pouvait aussi se travestir, et endosser le costume de n'importe quel personnage : les métiers et le style de ceux qui les exerçaient, ainsi que tous les travers de la personne humaine inspiraient beaucoup de monde.
On pouvait être qui on voulait : un avare, un rétameur de casseroles, un charlatan, un avocat, un mendiant, un arracheur de dents, un moine, un ramoneur, un marchand de mort-aux-rats, mais il fallait être capable de soutenir la performance de celui dont on portait l'habit.

Un voyageur britannique écrivait :

« Le jurisconsulte a un ton de dispute, et le médecin a l'air pédant.
Ils ont beaucoup de vivacité dans le langage ; ceux qui n'ont pas le talent de le soutenir ne s'y exposent pas.
Tout homme que vous rencontrerez en votre chemin, soyez sûr d'en être amusé.
J'ai entendu plus de bons mots dans ce seul jour de réjouissance que pendant une semaine en tout autre endroit
. »


L'art de la caricature et de la dérision montrait la vérité qui faisait rire tout le monde, y compris ceux qui étaient concernés et qui en faisaient autant de leur côté en se défoulant de la même façon avec le personnage de leur choix !
Voici un diable suivi des sept péchés capitaux, un moine, une courtisane, un derviche, une égyptienne, un satyre, un français effronté, une escouade de lansquenets espagnols en plein exercice, un espagnol plein de morgue, un médecin de la peste portant le masque au long bec rempli d'herbes qui soulève les vêtements des malades avec son bâton, une vendeuse de philtres d'amour, un muphti, un calabrais sur son âne…
Et un “Illustrissimo”, noble ruiné affublé d'une perruque immense et d'un habit ridicule, portant l'épée au côté, bas crottés et souliers troués, qui offrait aux passants sa protection, ses richesses et son
palais.
Sans doute y avait-il aussi des rois et des princes déchus, ces princes de carnaval que Candide a rencontrés au cours d'un repas pendant le carnaval de Venise !
Vraiment tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes du carnaval, quand
Carlo Goldoni se transformait en “chante-histoires de la Rive”. On disait alors :

« Personne ne contrefait mieux que Goldoni les airs, le ton et l'emphase de cette espèce de charlatans ; c'est son déguisement favori. »

Les “lazzi”, les répliques allaient bon train, chacun devant maîtriser les qualités de son personnage pour donner plus de piquant aux dialogues et aux scènes improvisées avec les autres masques.
La “légèreté vénitienne” ne permettait pas qu'on se contentât d'enfiler un costume, il fallait lui donner de l'esprit.

Appareil : Kodak DX6440